L’apparition mariale de la rue du Bac, survenue le 27 novembre 1830 à Paris, est l’une des plus notables manifestations mariales du XIXe siècle, riche en symbolisme et dotée d’un impact spirituel et historique très profond. Cette apparition s’est déroulée dans la chapelle du couvent des Filles de la Charité, situé rue du Bac, où sœur Catherine Labouré, novice âgée de 24 ans, a reçu la visite de la Vierge Marie, donnant naissance à la célèbre Médaille Miraculeuse[2][4][7].
## Contexte de l’apparition
L’histoire commence le 18 juillet 1830, lorsque Catherine, dormant paisiblement dans la maison des Filles de la Charité, est réveillée par un enfant lumineux — son ange gardien, selon les récits — l’invitant à se rendre à la chapelle. Ce premier événement mystérieux prépare la voie à l’apparition principale qui aura lieu plusieurs mois plus tard[1][8]. En effet, pendant ces mois, Catherine nourrit un grand désir de voir la Sainte Vierge, encouragée aussi par une instruction sur la dévotion mariale qu’elle entend dans son couvent[4].
## La vision du 27 novembre 1830
Le samedi 27 novembre 1830, veille du premier dimanche de l’Avent, sœur Catherine, en pleine oraison dans la chapelle, aperçoit une lumière et, soudain, la Vierge Marie se dévoile à elle sous deux formes successives très précises, presque comme deux tableaux vivants[2][4][8].
– **Premier tableau** : La Vierge est debout sur un demi-globe terrestre, écrasant un serpent sous ses pieds — symbolisant la victoire sur le mal —, vêtue de blanc éclatant, rayonnante. De ses mains ouvertes jaillissent des rayons lumineux, certains brillants, d’autres plus sombres. Une voix explique alors que ces rayons représentent les grâces que Marie dispense aux personnes qui les lui demandent, tandis que les rayons sombres sont les grâces non demandées[2][3].
– **Second tableau** : La Vierge tient un petit globe doré surmonté d’une croix, élevée vers le ciel. Un message lui est transmis : ce globe symbolise le monde entier, mais aussi la France et chaque personne en particulier, soulignant l’universalité et la proximité de la protection mariale[2][3][8].
Autour de cette apparition se forme un ovale où s’inscrit en lettres d’or l’invocation :
*« Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ».*
Enfin, une voix demande que l’on fasse frapper une médaille selon ce modèle, promettant que « les personnes qui la porteront avec confiance recevront de grandes grâces »[2][3][4].
Le revers de la médaille présente une croix surmontant l’initiale de Marie, ainsi que deux cœurs : l’un couronné d’épines, évoquant le Cœur du Christ, et l’autre transpercé d’un glaive, symbolisant le Cœur douloureux de Marie[2][4].
## La mission de sœur Catherine et la diffusion de la Médaille Miraculeuse
Après l’apparition, Catherine transmet ce message à son confesseur, le Père Jean-Marie Aladel, qui, après un certain scepticisme, y croit suffisamment pour en informer l’archevêque de Paris. L’autorisation de fabriquer la médaille est accordée, et la première série est frappée en juin 1832[6]. Rapidement, la médaille connaît un immense succès, encouragée par les témoignages de grâces, miracles, conversions et guérisons qu’elle suscite partout en France puis dans le monde[6][7].
Sœur Catherine recevra encore une troisième apparition en décembre 1830, où la Vierge lui confirme sa mission en lui annonçant qu’elle ne la verra plus, marquant ainsi la fin des manifestations[2].
## Signification spirituelle et portée historique
Cette apparition se distingue par son message d’espérance, de confiance envers l’intercession de la Vierge Marie et de reconnaissance de son Immaculée Conception, un dogme alors encore officiellement proclamé depuis peu (1854). Elle célèbre la Vierge comme Mère de toutes les nations et de chaque individu, invitant à la prière et à la dévotion à travers la Médaille Miraculeuse, instrument de grâces et de protection spirituelle[3][4][7].
Aujourd’hui, la chapelle Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse, rue du Bac, est un lieu de pèlerinage important, accueillant chaque année plus de deux millions de fidèles venus du monde entier pour prier et recevoir cette médaille[8]. La fête de la Médaille Miraculeuse est célébrée dans plusieurs Églises, témoignant de l’importance culturelle et religieuse de cette apparition dans la tradition catholique.
## Conclusion
L’apparition mariale de la rue du Bac en 1830 fut une expérience spirituelle majeure qui a marqué l’histoire du catholicisme moderne. Par la figure de sœur Catherine Labouré, la Vierge Marie a transmis un message puissant de miséricorde et d’espérance, incarné par la Médaille Miraculeuse. Cette apparition, bien que moins connue que celles de Lourdes ou de Fatima, a suscité une dévotion intense et durable, enrichissant profondément la spiritualité mariale et offrant à des millions de personnes dans le monde un signe tangible de la présence maternelle de Marie. Elle demeure aujourd’hui un témoignage vivant de la foi et des grâces liées à la confiance en l’Immaculée Conception[2][3][4][7][8].